Revue de presse
19.29.10
Premières impressions : le Django 2020 de Devinci
Un 29er à moyen débattement. Rien pour écrire à sa mère? Et pourtant!

Premières impressions : le Django 2020 de Devinci
Texte par BikeMag

Pendant que la plupart des entreprises renouvellent leur gamme de vélos 29 pouces à long débattement, les modèles à moyen débattement, eux, subissent une certaine renaissance. À preuve ces quelques grandes nouveautés : Ripley d’Ibis, Fuel EX de Trek, Tallboy de Santa Cruz. À cette liste s’ajoute le nouveau Django. Connue pour la pureté de ses lignes et la progression du ratio de suspension, l’entreprise Devinci a le don de nous surprendre à chaque sortie de vélo. Et dans une catégorie où les surprises sont plutôt rares, force est d’admettre que ce nouveau Django est à la hauteur de nos attentes.

Le Django est, comme avant, doté de 120 mm de débattement à l’arrière et de 140 mm à l’avant. Mais étrangement, c’est ce statu quo qui fait son originalité. En effet, avoir 20 mm de plus à l’avant est synonyme de dynamisme (ex. SB130 de Yeti), une qualité à laquelle contribuent aussi les pneus avant Minion DHF et les jantes d’une largeur interne de 35 mm. Le reste du vélo est de facture plus modérée. L’angle de direction (66,5° à Low) et l’empattement de 1217 mm (modèle L) apportent une touche de dynamisme en complément au débattement, mais sans que ce soit exagéré. En fait, si on s’attarde seulement aux composants de la gamme (fourche Fox 34 à laquelle il manque les amortisseurs DPX2), on pourrait croire que le Django est tout ce qu’il y a de plus « normal ».

Une fois en sentiers par contre, ce vélo n’a rien de « normal ». Après tout, c’est un Devinci! Et qui dit Devinci dit super courbe de progression. C’était d’ailleurs le cas de l’ancienne génération du Troy et surtout du Marshall, qui n’est plus en production. Reste que le Django est un cas à part. Lorsque je reçois un nouveau vélo que je ne connais pas, je fais un premier essai sans regarder les nombres de débattement et de géométrie. C’est un peu comme aller voir un film sans avoir vu la bande-annonce. On y va sans préjugés. Mais le problème, c’est que c’est à peu près impossible. J’étais dans l’idée que la majorité des vélos de cette catégorie gagnent en muscle chaque année. C’est pourquoi j’avais l’impression que la nouvelle version du Django avait 130 mm de débattement. En plus, selon mon expérience, on a parfois l’impression avec Devinci (en raison de la progression de ses suspensions) d’avoir moins de débattement que l’on croit jusqu’à qu’on en ait besoin. Mais à voir l’excellente tenue du Django en sentiers, j’étais pas mal sûr qu’il avait plus de débattement qu’avant.

Ce n’était évidemment pas le cas, car il aurait été trop semblable au Troy 29 pouces. Et puis de toute façon, ce n’est pas ce genre de bécane du tout. Tout compte fait, il n’a rien de « normal », ce vélo. En fait, c’est sa sensibilité aux petits chocs qui m’a fait croire aux 130 mm. Le Django absorbe mieux les aspérités que l’ancien modèle, mais il est tout aussi bon en pompage et au pédalage. J’ai eu le même genre de coup de foudre avec le Django qu’à l’époque avec le Marshall et ses 110 mm de débattement. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai opté pour la fourche de 140 mm. Comme sur les vélos dont le débattement est plus prononcé à l’avant qu’à l’arrière, je pouvais m’appuyer plus sur l’avant pour gagner en dynamisme. Mais si je mettais moins de poids à l’avant ou si je voulais libérer l’arrière, j’avais la parfaite maîtrise de l’arrière-train.

Le Django n’est pas un rouleau compresseur comme le Following d’Evil ou le Fuji Rakan, qui nous avait agréablement surpris dans notre dernière édition de Tucson Bible. En tout cas, pas le modèle XL, dont j’ai fait l’essai. Par ailleurs, notons que, chose rare, la longueur des bases est proportionnelle à la taille du vélo. Mon vélo avait un empattement arrière de 445 mm et le modèle L, de 400 mm. Avec les 20 mm supplémentaires de débattement à l’avant, le Django se surpassait dans des sections où il n’aurait pas dû exceller.

Les bases sur les tailles M ou inférieures mesurent quant à elles 435 mm. C’est assez court, puisque le Django peut accueillir des pneus de 2,6 po. En fait, il a plus de dégagement que ce qu’indique Devinci. Il est équipé de pneus 2.4 WT Aggressor, mais avec des jantes de 35 mm, il gagnerait, à notre avis, à avoir des pneus plus imposants. En plus, Devinci s’est donné un mal fou pour avoir un tel dégagement. Par ailleurs, le nouveau Django est équipé d’une entretoise Super Boost. Nous avions d’ailleurs formulé quelques critiques à l’endroit du Troy 29 qui en était aussi équipé, mais avec un dégagement moyen. En théorie cependant, le vélo était compatible avec une manivelle autre que Super Boost. Le Django, lui, n’a pas ce loisir. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, force est d’admettre qu’il est de plus en plus difficile de trouver des défauts au Super Boost. Les grands fabricants de moyeu proposent généralement l’option d’entretoise de 157 mm, et même Shimano veut proposer une manivelle Super Boost. Si ce n’est toujours pas assez pour vous convaincre, ou si vous êtes simplement contre, n’oubliez pas que cette situation n’est pas inédite et qu’elle se reproduira.

Autre argument en faveur du Super Boost sur le Django : l’extrême sophistication du vélo. On ne compte plus les innovations de conception sur cette bécane, preuve que Devinci a fait grand usage de ses neurones. Les boulons de pivot de bascule se vissent par l’intérieur des plaques de pivots. On accède aux boulons par l’endroit habituel et on peut les dévisser de l’extérieur. De même, les axes de pivot des bases ou de la bascule sont dissimulés derrière. Cette jonction du Django est fluide et lisse. Elle semble parfaitement harmonieuse. Ajoutons que Devinci a déplacé le flip chip sur l’œillet inférieur de l’amortisseur. Outre le look fluide du pivot, le flip chip est ainsi plus solide et contient moins de pièces.

Le réglage du flip chip donne un jeu d’un demi-degré qui permet de faire passer l’angle de direction à 67 degrés. Mais ce n’est pas tout. Même à Low, l’angle de selle est de 77,4 degrés, voire de 77,9 (sur la taille M), ce qui est hallucinant. Soulignons que Devinci mesure l’angle de selle d’une manière différente, qui donne des angles légèrement (et le mot est bien choisi) plus prononcés que les chiffres présentés. Qu’à cela ne tienne, c’est très impressionnant de voir de tels chiffres sur un vélo à moyen débattement. Puisque le poids n’est pas trop réparti vers l’arrière, on peut affirmer sans se tromper qu’avec ces chiffres, le Django est l’un des meilleurs vélos pour donner de la puissance à long terme.

Et c’est encore plus impressionnant compte tenu du prix. En effet, on peut acquérir le Django pour aussi peu que 2700 $ US, le tout avec une fourche Fox 34 et l’amortisseur Rhythm (bon rapport qualité-prix), la suspension arrière DPS et une transmission NX et SX Eagle. Seule lacune : la plupart des modèles sont équipés de freins SRAM Level, pas assez musclés pour ce genre de vélo. Ce serait assez coûteux que de les changer. Cela dit, on peut le voir comme un hommage au vélo. Le fait de pouvoir rouler plus fort que les freins sur un vélo à moyen débattement doté d’une géométrie modérée est révélateur de son équilibre unique, alliant habileté et pragmatisme. En conclusion, le Django se démarque des autres vélos, quel que soit leur débattement, par sa grande polyvalence. C’est un vélo d’exception qui est tout sauf « normal ».

Revue de presse par BikeMag